Pub et Institutionnel | 30 sec
Je suis la voix off de plusieurs CDRom et vidéos qui servent de support pour le développement de « La Main à la Pâte », une méthode d’enseignement qui a été soutenue par Georges Charpak, prix Nobel de Physique. Editions Odile Jacob Multimedia.
Réflexion de GEORGES CHARPAK, membre de l’Académie des Sciences et Prix Nobel de Physique :
Les jeunes enfants sont naturellement des jeunes chercheurs: ils s’interrogent; ils buttent sur des problèmes, sur des phénomènes qu’ils ne connaissent pas et cherchent à les interpréter. Ils font des hypothèses, elles sont fausses, elles restent fausses pour la vie si on ne les guide pas.
Si on donne à l’enfant un matériel intelligemment choisi qui les introduit dans une démarche de recherche sur l’origine des phénomènes qu’il voit et qu’il rencontre dans la vie (l’eau, l’électricité, la musique, les ombres et les lumières…), on pourra avoir quelque chose d’extraordinaire. Ces enfants apprennent ce qu’est qu’une hypothèse, ils apprennent à lire et à écrire, et comme on fait ça par groupes de 4, ils apprennent à discuter entre eux. Ils deviennent des citoyens qui discutent et qui disent : »mais je ne suis pas d’accord avec toi » même si c’est le plus gros, le plus fort qui s’est emparé le premier de la lampe électrique qui va servir à faire des ombres. Parce qu’ils doivent expliquer un certain nombre de phénomènes, il y a une espèce d’investigation raisonnée qui les conduit à développer une capacité à raisonner.
La méthode sur laquelle repose cet enseignement n’est pas une méthode dans laquelle on distrait l’enfant en lui faisant faire des exercices avec des objets, ce n’est pas une visite de musée quotidienne que l’on fait pour que les petits se tiennent bien. C’est quelque chose dans lequel il y a des étapes réfléchies pour qu’en 5 ou 6 ans, ils arrivent à un grand progrès.
Le simple progrès des cahiers d’expériences que l’on tient, qu’on ramène à la maison, entre le début et la fin de l’année suffit à nous convaincre qu’il y a une étape décisive qui est franchie. Parce qu’un gosse qui a appris pendant 5 ou 6 ans à faire un rapport n’est pas le même que celui qui simplement écrit.
Mon ambition est d’encourager les pouvoirs publics à former les instituteurs et à fournir le matériel. Un instituteur de bonne volonté qui n’a qu’un livre, sauf miracle, ne pourra pas aller très loin. Le même instituteur que vous formez, avec une mallette qui contient tout le matériel pour ses élèves, un bon manuel, un CD-ROM, l’accès à Internet où il peut dialoguer avec des formateurs, c’est tout à fait autre chose, il prend confiance, il a même le droit de tâtonner.
Pourquoi est-ce que j’attache de l’importance à cette approche?
Elle apprend aux enfants à raisonner, elle forme leur esprit, elle les rend plus aptes à pratiquer les autres disciplines. Mais quoiqu’on fasse, je suis persuadé que le fait qu’on ait appris à raisonner fait que nous aurons une nouvelle génération d’élèves, qui n’obéissent pas aveuglément, qui font des hypothèses, s’interrogent, vérifient. C’est fondamental pour en faire des citoyens, c’est l’école des citoyens.
La science est une très bonne opportunité pour faire ça. Mais la science n’est pas l’utilisation de la technologie, c’est la découverte des lois de la nature. Il ne s’agit pas de bourrer le crâne avec une quantité énorme de connaissances mises les unes sur les autres, il s’agit d’apprendre à découvrir certaines lois en faisant des expériences. On les aide à accéder à des concepts, et non pas à des recettes.